Depuis plusieurs jours, le bureau des étrangers de la préfecture de Mayotte est bloqué. La détermination du collectif des citoyens Mayotte 2018 ne faiblit pas. « On souhaite insister sur le fait que nous sommes en guerre », lance sans détour Safina Soula, présidente du collectif, lors d’une déclaration faite ce mardi.
Pour elle, cette guerre est avant tout démographique et politique. Son adversaire semble être l’immigration irrégulière venue des Comores, archipel voisin dont le gouvernement continue de revendiquer l’île de Mayotte. « Notre adversaire, si je puis dire ainsi, est en train de gagner, sa population est l’arme qu’il utilise pour conquérir Mayotte », affirme-t-elle
Les relations avec la préfecture sont désormais rompues, selon Safina Soula. « Discuter pour ne rien donner, ça ne nous intéresse plus. On discute avec Paris directement », tranche-t-elle.
La revendication principale reste inchangée. Il s’agit de la suppression du titre de séjour territorialisé, ce dispositif qui restreint la libre circulation des étrangers vivant légalement à Mayotte en les empêchant de se rendre dans l’Hexagone. « La seule façon de nous faire quitter ce lieu, c’est de supprimer ce titre », prévient-elle.
Ce système, régulièrement dénoncé par la population locale et plusieurs élus, est perçu comme une discrimination territoriale. Il alimente un sentiment d’abandon et d’injustice, que le gouvernement peine à apaiser. Lors de sa récente visite à Mayotte, le 21 avril, Emmanuel Macron a bien évoqué la question. Mais sans engagement concret, laissant les attentes sans réponse.
Pour Safina Soula, cette posture illustre un double discours : « Il y a une hypocrisie généralisée à l’égard de Mayotte. Ça fait des années qu’on travaille sur ce sujet. »

